Tension autour de l’affaire « Frère Hounvi »: Le Bénin et le Togo doivent préserver leurs rapports fraternels et de bon voisinage 

Tension autour de l’affaire « Frère Hounvi »: Le Bénin et le Togo doivent préserver leurs rapports fraternels et de bon voisinage 
Partage
RSS
Recevez notre newsletter

Un véritable malaise entre le Bénin et le Togo couve depuis le 12 août dernier, où Steve Amoussou ramené  de Lomé à Cotonou, dans des conditions jugées inappropriées par les autorités togolaises, et présenté au Procureur de la Criet comme celui qui est identifié sous le pseudonyme de  « frère Hounvi », dont les diatribes incessants, depuis des mois, accablent le régime de Talon, les rapports qui n’étaient déjà plus au beau fixe entre les deux pays – depuis la crise avec le Niger- semblent se dégrader un peu plus. Le procurer de la République de Lomé qualifie cet acte « d’enlèvement et de séquestration » et a émis des mandats d’arrêts contre des suspects de nationalité béninoise. Deux individus placés en détention provisoire à Lomé, dont une béninoise, sont poursuivis pour complicité. Le Togo fait le ménage à sa frontière et renforce les contrôles. Les deux pays frères n’ont jamais vécu une telle tension… 

Mardi dernier, un autre pas a été franchi dans ce sulfureux dossier avec le limogeage de tout le personnel de sécurité qui était en poste à Sanvy Codji à la frontière du Togo avec le Bénin, au moment du « transfèrement » du célèbre chroniqueur béninois pourfendeur du régime actuel sur les réseaux sociaux.  

Il   faut rappeler que le Procureur de Lomé, dans un communiqué publié sur l’une des chaînes publiques togolaises, Tvt, dans l’après-midi de dimanche dernier, a indiqué que ce transfèrement s’est effectué au mépris de toute règle  en  matière de coopération judiciaire  sur le plan pénal . 

On notera   surtout une constance dans cette affaire : le frère Hounvi se trouve aujourd’hui entre les mains de la justice béninoise qui l’a privé de liberté et décidé de le juger en octobre prochain sous plusieurs incriminations très graves. Quelle collaboration la justice béninoise a-telle eue avec les « ravisseurs » du chroniqueur ?  Les autorités togolaises n’ont-elles vraiment pas collaboré à ce   « transfèrement »  ou « enlèvement » ? Cette affaire contient encore plusieurs zones d’ombre qu’il faudra éclaircir parce que beaucoup ne croient toujours à cette thèse d’enlèvement. N’a-t-on pas choisi du côté de Lomé de laisser faire pour feindre de   protester ? Le procureur de Lomé a laissé beaucoup sur leur faim parce  qu’il a cité, dans  son  communiqué, des  Béninois,  responsables  de structures   sensibles et qui exercent à un certain niveau de responsabilité qui ne les prédisposent  guère  à  une  opération  aussi  risquée  que  « l’enlèvement »  d’un  individu sur  un  territoire  étranger. 

Le dispositif sécuritaire togolais, surtout à  la frontière,  a-t-il  été si défaillant au  point de ne pas détecter une telle opération ? Ce dossier suscitera  encore longtemps  bien des   interrogations.

Eviter d’entamer les relations si imbriquées de deux peuples frères

Mais ce qui importe aujourd’hui, ce sont les relations de bon voisinage entre le Togo et le Bénin, deux pays frères amis, unis par des liens séculiers et qui sont condamnés à entretenir des relations de bon voisinage. Ces dernières années,   le «brassage » entre les  populations béninoise  et togolaise est si fort  qu’on observe, presque  tous  les  week -ends, à  Hillacodji,  des flux  humains  importants   de part  et  d’autre  des  frontières  entre   les deux  pays. La crise politique des années 90 au Togo a renforcé ce « brassage ».  Ni le Bénin, ni   le Togo ne peuvent donc se permettre de poser d’actes attentatoires à la paix l’un  contre l’autre .

Pour éviter tout comportement susceptible de compromettre la paix, il faut surtout   de la retenue et  de  l’anticipation.  C’est la diplomatie qui est vivement   interpellée ici pour prévenir toute situation de tension immaîtrisable. Il y a également l’action de toutes personnalités fortes qui pensent qu’elle a les « ressources » pour offrir ses bons offices. On a vu récemment les anciens présidents   de la République Nicéphore Soglo, intervenir pour offrir leurs bons offices au sujet de  la  tension entre  le Bénin et le  Niger.  C’est peut- être trop tôt pour envisager cette approche ; mais il faut agir au plus vite en vue d’aplanir les divergences et de   dissiper tout malentendu.

Dans ce dossier dit « frère Houvi », c’est le Bénin qui est censé prendre des initiatives puisque c’est lui qui est indexé ; c’est lui qui veut juger celui  qui est  «enlevé ». C’est lui qui est censé clarifier cette situation dont certaines organisations internationales régionales et internationales pourraient être saisies. C’est  l’image et  la  réputation  du  Bénin  qui  sont également  en  jeu. Et  il faut aussi les  préserver. 

Partage
RSS
Recevez notre newsletter

admin

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *