Ouverture du Corridor Sègbana vers le Nigeria : Le trafic au port de Cotonou sauvé

Le Bénin contourne la fermeture de la frontière du Niger. Le corridor Ségbana inauguré, la semaine dernière par les autorités du Bénin et du Nigéria constitue une véritable parade et un tremplin pour faire redémarrer les activités au port de Cotonou. Il est désormais possible pour les importateurs nigérians qui utilisaient le Niger comme un pays de transit de faire passer directement leurs marchandises du Bénin vers le Nigéria par ce corridor. Le Niger perd ainsi une véritable manne financière au profit de ce corridor qui va désormais enrichir tous ceux qui se trouvent sur son parcours. C’est surtout les transitaires et autres particuliers qui vont souffrir de ce détournement d’importants trafics en direction de Gaya vers Ségbana. C’est ce qui ressort des explications données par l’homme politique béninois Bertin Coovi.
Ce que le commun des mortels au Bénin ne savait peut-être pas, c’est qu’une bonne quantité des marchandises qui passent par le port de Cotonou en direction du Niger est destinée au Nigéria. ; ceci parce que, selon Bertin Coovi, le Nigéria autorise que certains produits qu’il interdit de transiter par le Bénin, le soient par le Niger. On dit que cette décision remonte au règne de l’ancien président Sanni Abacha qui voulait aider le Niger, plus particulièrement les populations haoussa de ce pays, avec lesquelles il aurait des liens assez forts. Et les retombées pour le Trésor public nigérien sont assez fortes. Le Niger engrange en effet d’importantes ressources de ces importations nigérianes qui passent sur son territoire à partir du port de Cotonou.
On se rend aisément compte que bien que n’ayant pas de façade maritime, ni d’ ouverture directe sur la mer, le Niger profite pourtant énormément du Bénin, notamment de son port. En fermant sa frontière avec le Bénin, le Niger perd également d’importantes ressources. Certes, le Bénin en souffre aussi et se plaint de gros manques à gagner parce que le trafic du port de Cotonou en direction de ce pays voisin dépasse, dit-on, les 70 % du trafic global du port. Cette malheureuse situation entraîne une véritable saignée financière pour le Bénin depuis juillet 2023. Mais grâce au concours des autorités nigérianes, le Bénin va devoir contourner le Niger par le corridor Ségbana qu’il l’a aidé à mettre en place.
En suspendant les trafics informels par le fleuve Niger, les autorités béninoises veulent se concentrer sur ce nouveau corridor Ségbana qui offre de nouvelles perspectives en termes d’échanges commerciaux avec le Nigéria, surtout pour les importateurs du nord du Nigeria dont le transit depuis le port de Lagos jusqu’à leur région est plus long et paraît des plus dangereux à cause de l’insécurité. Les importations destinées aux opérateurs économiques du Nigéria ne feront plus de transit par le Niger.
Ainsi, le Bénin pourra résoudre, dans une large proportion, à travers ce corridor Ségbana, ses problèmes de recettes douanières, que lui procurait le trafic par la frontière terrestre avec le Niger. Frontières fermées par les nouvelles autorités de ce pays pour des motivations obscures et irrationnelles.
Ce corridor Ségbana, indique-on, existait, mais n’était pas très activé, pour préserver les intérêts du Niger. Maintenant que ce pays lui-même donne l’occasion de l’activer, avec surtout le concours de Bola Tinubu, le Bénin est ainsi soulagé et peut espérer de bonnes perspectives face aux caprices des militaires au pouvoir au Niger. (Par J.B Hontongnon)