Droit de douane sur les exportations béninoises vers les Etats-Unis: pas de choc économique majeur pour le Bénin

L’imposition par les États-Unis de droits de douane de 10 % sur les exportations béninoises, dans le cadre d’une politique de tarifs réciproques entrée en vigueur le 5 avril 2025, pourrait avoir des répercussions significatives sur l’économie du Bénin, bien que l’ampleur exacte dépende de plusieurs facteurs, notamment la structure des exportations béninoises, leur dépendance vis-à-vis du marché américain et la capacité d’adaptation du pays.
Le Bénin, économie relativement petite et en développement, repose principalement sur l’agriculture, avec le coton comme principal produit d’exportation, représentant une part importante de ses revenus extérieurs. Cependant, les États-Unis ne figurent pas parmi les principaux partenaires commerciaux du Bénin, qui exporte davantage vers des pays voisins comme le Nigeria ou vers l’Inde et la Chine pour le coton. Les exportations vers les États-Unis sont limitées et incluent des produits comme les noix de cajou, le karité ou des textiles, souvent bénéficiant de programmes préférentiels tels que l’African Growth and Opportunity Act (AGOA). Si ces droits de douane de 10 % s’appliquent sans exemption pour les produits couverts par l’AGOA, ils pourraient réduire la compétitivité des biens béninois sur le marché américain, augmentant leur prix pour les importateurs et potentiellement diminuant la demande.
À court terme, l’impact direct pourrait être modéré en raison du faible volume d’exportations vers les États-Unis. Par exemple, si les exportations béninoises vers ce marché représentent moins de 5 % du total, comme c’est souvent le cas pour de nombreux pays africains hors pétrole, une hausse de 10 % des coûts n’entraînerait qu’une perte marginale de revenus. Cependant, pour les secteurs spécifiques dépendant des États-Unis, comme les transformateurs de noix de cajou ou de karité, cela pourrait se traduire par une baisse des marges bénéficiaires ou une perte de parts de marché, surtout si les concurrents (par exemple, le Vietnam pour les cajous) ne subissent pas les mêmes hausses tarifaires.
À plus long terme, les effets indirects pourraient être plus préoccupants. Premièrement, cette mesure pourrait signaler une érosion des avantages de l’AGOA, fragilisant la confiance des investisseurs et des exportateurs béninois qui cherchent à diversifier leurs marchés. Deuxièmement, si d’autres pays suivent l’exemple américain et adoptent des politiques protectionnistes, le Bénin, déjà vulnérable aux chocs extérieurs, pourrait voir ses options d’exportation se réduire. Cela accentuerait sa dépendance envers des marchés régionaux instables, comme le Nigeria, où les fermetures de frontières ont déjà posé problème.
Du côté des importations, les droits de douane réciproques de 10 % imposés par le Bénin sur les biens américains pourraient augmenter le coût des produits importés, comme les équipements technologiques ou les biens de consommation. Cela risquerait d’alimenter l’inflation intérieure, bien que l’effet reste limité par la faible part des importations en provenance des États-Unis dans le total des achats béninois, dominés par la Chine et l’Europe.
En termes d’adaptation, le Bénin pourrait chercher à réorienter ses exportations vers d’autres marchés, comme l’Union européenne ou l’Asie, où les barrières tarifaires sont moindres. Cependant, cela nécessite des investissements dans la logistique, la certification et la promotion commerciale, des domaines où le pays manque encore de capacités. Une autre option serait de renforcer l’intégration régionale via la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), mais les infrastructures et la compétitivité industrielle limitées du Bénin freinent cette transition.
En conclusion, l’impact économique des droits de douane de 10 % imposés par les États-Unis devrait être relativement contenu à court terme, en raison de la faible exposition du Bénin à ce marché. Toutefois, les effets cumulatifs – perte de compétitivité, incertitude sur les préférences commerciales et pressions inflationnistes – pourraient compliquer les efforts de diversification économique et de croissance durable, surtout si le contexte mondial évolue vers plus de protectionnisme. Des risques à long termes certes, mais dans l’immédiat, le risque principal réside dans l’érosion des opportunités plutôt que dans un choc économique majeur.