Bénin – « Interpellations » Olivier Boko-Oswald Homeky : les dits et non-dits d’un événement
Alors que les Béninois sortaient progressivement de leur sommeil, ce mardi matin, ils sont accueillis par la nouvelle de l’arrestation de plusieurs cadors du régime Patrice Talon : Olivier Boko et Oswald Homeky. La nouvelle se confirme au fil des heures, et les médias informent qu’ils ont été interpellés par les forces de l’ordre dans des circonstances et pour des accusations encore très imprécises et floues, en dehors de toute déclaration d’autorités judiciaires.
Ce qui est sûr pour le moment, c’est un coup de tonnerre dans le landerneau du pouvoir de Patrice Talon. Les personnes concernées sont des personnalités jusque-là très proches du président béninois mais en désaccord avec lui sur la stratégie à mettre en œuvre pour assurer sa succession par un homme sûr du régime. Le dernier mandat de Patrice Talon s’achève constitutionnellement en 2026.
L’ancien ministre des sports Oswald Homeky serait sorti du gouvernement pour avoir, en effet, soutenu publiquement ceux qui voyaient en Olivier Boko, homme lige, ami et très proche du chef de l’Etat, le probable candidat à sa succession. Cette outrecuidance n’aurait pas plu au président Talon et aurait précipité la démission du jeune ministre du gouvernement qui a fait environ huit ans au poste de ministre près de Talon.
Ce qu’on peut aussi affirmer c’est qu’en dehors du chef de la garde républicaine, le colonel Djimon Dieudonné Tévoédjrè, qui aurait été écouté dans le cadre de ces interpellations, les personnalités concernées ne sont pas des moindres dans le pouvoir dit de « la rupture » ; et en attendant des détails plus complets sur les motifs réels des interpellations rapportées par les médias béninois et étrangers, beaucoup spéculent sur les conséquences de malentendus nés de qui succèdera au « Patron » en 2026. Lui-même n’a pas caché que même s’il ne sohaitait pas se présenter pour un troisième mandat, que la constitution béninoise n’autorise pas, il n’en demeure moins qu’il sera un acteur décisif dans la désignation de celui qui est susceptible de lui succeder pour à cette échéance pour préserver les acquis du régime.
2026 l’enjeu ?
En effet, si arrestation de Boko il y a, cela ferait directement penser à une discorde politique entre lui et son vieil « ami sincère » Patrice Talon, le président de la République, mais pour quel motif aussi fort ? On sait que les deux hommes ne sont plus vraiment en de très bons termes, du moins, pour ce qui est visible du grand public, et que Boko pourrait bien se présenter à la présidentielle de 2026. Plusieurs cadres, groupes politiques et autres personnalités ont clairement appelé et soutenu la candidature de celui que ses fans désignaient par le vocable « OB ».
Si son arrestation est confirmée, il est évident que pour lui, la course à la présidentielle prendra fin. En effet, OB est une des personnalités béninoises les plus influentes et l’interpeller suppose, d’une part, des accusations assez graves dans l’ordre du crime, de la trahison ou de l’atteinte à la sureté de l’Etat. D’autre part, les développements au sein du régime, ces derniers mois, font penser que les personnalités concernée, notamment « OB » seraient en disgrâce auprès du Chef de l’Etat. Dans tous les cas, cet événement inouï démontre que cet ancien bras-droit et homme de confiance de Talon n’est plus en bonne posture politique pour atteindre la réalisation de quelque ambition que ce soit pour le pouvoir, après le dernier mandat de l’actuel président béninois.
Parmi les conjectures les plus farfelues, il y a ceux qui pensent encore à des « manœuvres de victimisation » afin de donner une bonne image à Boko auprès des opposants politiques et de la population béninoise qui n’aiment apparemment pas qu’on « maltraite » un des leurs, lui vouant presqu’immédiatement une sorte de sympathie messianique. Sans compter que les oppositions se forgent souvent autour de telles victimisations. A prendre pourtant avec des pincettes.
Au delà donc de toute manœuvre politique, les arrestations de ces deux personnalités de haut rang de la scène publique béninoise, si elles se confirmaient laisseraient perplexes bien des Béninois. Cependant, la thèse de l’atteinte à la sureté de l’Etat, vu la connotation que prennent les informations autour de cette affaire, avec la convocation d’un militaire de haut rang, le colonel Djimon Dieudonné Tévoédjrè, commandant de la garde républicaine, reste à la fois plausible et inquiétante.