Tentative de coup d’État au Bénin: l’unanimité des condamnations montre un peuple uni dans l’adversité
Le 7 décembre 2025, dans les premières heures du matin, une tentative de coup d’État a ébranlé le Bénin. Des éléments des Forces armées béninoises, menés par le lieutenant-colonel Pascal Tigri, ont attaqué la résidence du président Patrice Talon à Cotonou et proclamé à la télévision nationale la dissolution du gouvernement, la suspension de la Constitution et la création d’un « Comité militaire pour la refondation ». Rapidement déjouée par les forces loyalistes, cette mutinerie a été qualifiée d' »échec total » par le ministre de l’Intérieur, Alassane Séidou. Une douzaine de militaires ont été arrêtés, tandis que Tigri reste en fuite. Le président Talon, dans une allocution télévisée, a condamné cette « trahison » et promis des poursuites implacables.
La communauté internationale et les acteurs régionaux ont réagi avec une fermeté unanime, soulignant le risque de déstabilisation en Afrique de l’Ouest, déjà minée par une série de coups d’État au Mali, au Burkina Faso, au Niger et en Guinée-Bissau. L’Union africaine (UA), par la voix de son président de la Commission, Mahmoud Ali Youssouf, a condamné « fermement et sans équivoque » cette « ingérence militaire » qui viole les principes démocratiques fondamentaux. L’UA s’est dite prête à accompagner le Bénin pour restaurer l’ordre constitutionnel et renforcer les institutions.
De même, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a fustigé cette « action anticonstitutionnelle » comme une « subversion de la volonté du peuple béninois ». Elle a annoncé le déploiement immédiat de troupes nigérianes, sierraléonaises, ivoiriennes et ghanéennes pour soutenir l’armée républicaine et préserver l’intégrité territoriale. Le Nigeria, sous l’impulsion du président Bola Tinubu, a joué un rôle clé en envoyant des avions de combat pour déloger les putschistes de la télévision nationale et d’un camp militaire.
Sur le plan global, le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, s’est dit « profondément préoccupé » par cette « tentative inconstitutionnelle » qui menace la stabilité régionale. La France, ancienne puissance coloniale, a condamné l’événement et appelé ses ressortissants à la prudence, tout en réaffirmant son soutien au gouvernement béninois. L’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale (International IDEA) a qualifié le coup de « direct assault » sur la legacy démocratique du Bénin, pays modèle en Afrique.
Au niveau continental, la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples a exprimé sa « profonde préoccupation » et condamné toute atteinte à l’ordre constitutionnel, rappelant les risques pour les droits humains.
Au Bénin même, les réactions ont été solidaires. Le président Talon a dénoncé une « mutinerie » visant à déstabiliser l’État. L’ancien chef d’État Thomas Boni Yayi, son parti Les Démocrates, son prédécesseur Nicephore Soglo, tous ont qualifié l’attaque d' »ignoble » et exprimé leur tristesse, adressant un message de solidarité à Talon. L’Union islamique du Bénin et les partis au pouvoir, ont réaffirmé leur attachement à la République. L’opposant modéré Paul Hounkpè a jugé le putsch « inadmissible », tandis que la Conférence épiscopale du Bénin a exprimé sa « vive préoccupation » face à cette menace pour la paix.
Ces condamnations collectives illustrent un front uni contre les velléités putschistes, renforçant la résilience démocratique du Bénin à l’approche des élections de 2026. Elles rappellent aussi l’urgence pour l’Afrique de contrer la vague de coups d’État qui fragilise le continent.

