Régularité des chargements du brut nigérien annoncée : Bénin-Niger : le climat de décrispation tient bon
L’exportation du pétrole brut nigérien via la plateforme de l’oléoduc à Sèmè- podji, annoncé hier par un confrère, reprendra probablement dans les prochaines semaines, le Bénin ne conditionnant plus cette reprise à la réouverture des frontières du Niger fermées par les militaires qui ont pris le pouvoir dans ce pays le 26 juillet 2023. Le niveau de « décrispation » est si avancé au point où l’on parle aujourd’hui d’un énième chargement annoncé. Preuves que l’état d’esprit change et que les efforts de décrispation, de part et d’autre, ont un impact positif sur l’avenir des relations entre les deux pays.
Séidick Abba, journaliste, président du Centre international d’études et de réflexion sur le Sahel (Cires), qui intervenait récemment sur ce sujet sur Rfi, il y a un mois environ, a indiqué que cette reprise est annoncée parce que le pragmatisme » et la « diplomatie africaine de la sagesse » ont prévalu. Et pour cela, a-t-il indiqué, «Il n’y a pas eu de négociations spécifiques » ; mais des actions qui ont marqué la volonté des autorités des deux pays de normaliser leurs relations.
Selon le journaliste, tout ceci n’est possible que parce que le Bénin et le Niger se sont inscrits dans une véritable « dynamique de désescalade » marquée par des actes concrets qui ont été posés, de part et d’autre, et qui permettent d’espérer une reprise normale des relations avec les deux pays.
Selon Sédick Abba, trois actions fortes ont permis d’amorcer cette décrispation. En effet, il y a d’une part, la visite des deux anciens présidents du Bénin, Nicéphore Soglo et Boni Yayi au président Tiani. Et d’autre part, la visite au Bénin d’une délégation du Niger conduite par le général Toumba, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité. Il y a également l’accréditation par les autorités nigériennes d’un nouvel ambassadeur du Bénin. L’accréditation de ce nouvel ambassadeur attendait depuis longtemps, a-t-il dit. Il a indiqué qu’il y a eu « des gestes de bonne volonté de part et d’autre ». «Le Bénin a jugé inopportun », a expliqué Sédick Abba, de « conditionner » le chargement du brut nigérien sur son sol à la réouverture de ses frontières communes avec le Niger.
Cependant, pour la réouverture de ses frontières communes avec le Bénin, le Niger exige la mise place préalable d’un «protocole de sécurité» en raison des menaces «d’attaques terroristes », la «menace terroriste étant descendue sur le flanc sud de l’Afrique de l’Ouest.»
SéIdick Abba a souligné l’interdépendance économique entre le Bénin et le Niger, deux pays voisins, unis par l’histoire et par la géographie. Le Niger a besoin du port de Cotonou pour ses importations et exportations et depuis quelques mois, un pipeline de près 2000 kilomètres depuis Agadem, dans l’extrême Est du Niger, relie la partie du Sud du Bénin, Sèmè –Podji, où est installée une plateforme à partie de laquelle le brut nigérien doit être exporté sur le marché international. «La phase de la brouille est terminée. Les deux pays amorceront bientôt une nouvelle phase de leurs relations bilatérales.», -t-il poursuivi.
En raison des problème de trésorerie et des difficultés qu’il connaît, depuis le coup d’Etat du 26 juillet 2023, le Niger a besoin de cette « manne pétrolière .» Ces exportations du brut, selon Séidick Abba, sont passées de 30 mille à 120 mille barils, avec environ 90 mille barils qui vont être exportés avec des recettes importantes pour le Trésor public, ceci dans un contexte difficile pour le pays. La chine, principal partenaire de ce projet attend le «retour sur investissement » et le remboursement de prêts qu’elle a consentis au Niger.
L’annonce par la presse, hier, d’un nouvel chargement de pétrole brut nigérien à Sémè-Kpodji tend à accréditer les efforts faits, par les acteurs des deux pays, pour garder un climat propice au processus de régulation des relations et de retour à la normalisation complète, de la coopération entre le Bénin et le Niger avec un plus grand crédit de confiance.