Présidentielle 2026: Eric Houndété veut éviter le sabordage du navire « Les Démocrates »

Présidentielle 2026: Eric Houndété veut éviter le sabordage du navire « Les Démocrates »
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Même si l’opposition se trouve dans un sentiment confus, aggravé par les différentes péripéties qui émaillent la candidature de l’opposition parlementaire, forte de ses 28 députés, d’un piège sans fin, au sujet du parrainage, le Vice-Président du parti, discrètement tente d’inverser le mauvais sort. Il ne souhaite pas assister à la lente déliquescence de la « maison opposition » qu’ils ont construite, ensemble avec des compagnons de tous les combats politiques de contre-pouvoir et d’alternance, en quelques années, avec courage et détermination, pour en faire une réalité tangible dans le paysage politique béninois.

Il ne souhaite aucunement qu’à l’occasion d’un choix qui devrait permettre à LD d’espérer conquérir le pouvoir, pour l’exercer dans une vision politique alternative mais responsable, que cette formation se saborde, par un geste d’humeur, ô combien grave par ses conséquences pour l’avenir du parti, même s’il comprend la libre pensée et la « justesse » des appréhensions de son « frère, ami » et compagnon de lutte, François Sodjinou.

Il n’y a point de fumée sans feu. Derrière ce geste qu’on peut dire d’alerte sur la gouvernance qu’il perçoit et vit, selon ses mots, comme une «dérive d’un leadership sans partage », se profile une frustration montante. Sentiment renforcé dans ses propos suivants rapportés par les médias, hier, citation : « Je veux le dire avec respect, mais aussi avec franchise : Boni Yayi, notre président, ne peut pas continuer à décider seul du destin de notre parti. Le respect que nous lui devons ne doit pas nous empêcher de dire la vérité… ».

Sa clarification sur ses appréhensions dès qu’une instance ad hoc a été mise en place pour le choix du duo qui devrait porter le drapeau de l’opposition LD à la présidentielle d’avril 2026 présage de son geste « suicidaire » pour l’ambition électorale du parti mais prévisible. Est-il seul à sentir cette frustration ? Rien n’est moins sûr !

Il fallait briser la glace. Cela a été fait et assumé. Tout le monde ne peut être solide dans ses bottes, dans ses sentiments et émotions comme l’expérimenté Vice-président du parti, Eric Houndété, qui durant sa longue carrière en a avalé des vertes et des pas mûres. Tout le monde ne peut comme lui accumuler sans faire des fracas, sans bousculer les colonnes du Temple, car l’expérience politique lui a certainement appris à maîtriser ses émotions, à faire preuve de patience, dans les moments de doute et d’appréhension. Quand on est dans une position de gestion, en principe, partagée du leadership du parti, il n’y a pas de vent défavorable pour celui qui sait attendre…

La lettre déchirante de supplication et d’amitié envoyée par Eric Houndété est une belle preuve de responsabilité, de courage et d’obstination que tout finira par s’arranger.
Sera-t-il pour autant entendu par son ami frondeur ? Saura-t-il le ramener à la raison commune pour le sacrifice au bénéfice de l’intérêt commun ? Seule la conscience est maîtresse de tout bon revirement. Pour Eric Houndété, c’est un mérite d’avoir essayé de ramener la brebis à l’enclos commun. Pour qu’enfin un engagement de réformes internes de la gouvernance, au sein du parti, préserve des chocs ou pièges inattendus.

Lettre émouvante du député et Vice-Président du parti LD à Michel Sodjinou

« A mon frère et ami Michel SOJDJINOU
Depuis 15 jours au moins, je n’ai pas eu l’occasion de parler avec toi, Michel !
En particulier, depuis le jour où tu as envoyé ton exploit d’huissier au président du parti pour réclamer ta fiche de parrainage, mes nombreuses tentatives pour rentrer en contact avec toi sont restées vaines. Tu ne décroches pas au téléphone, tu ne rappelles pas ou carrément ton téléphone ne passe pas. Je me suis porté à ton domicile en délégation à deux reprises ; la première fois, le 13 octobre avec l’honorable OGBON Djiman et la deuxième fois, le 14 octobre au petit matin après les travaux du Conseil National, avec le Ministre AKADIRI, le Président LODJOU, Maitre FADE, madame SAKA SERO Gnanki et madame SAKA SALEY Jihane. J’ai aussi fait le tour de quelques-uns de tes amis que je connais dont une fois, avec les honorables OGBON et HOUNMENOU. Je ne désespère pas de pouvoir te parler le plus tôt possible. J’en ai besoin dans l’intérêt de la Nation.

Je dois reconnaître que le 2 septembre 2025, lorsque nous avons retiré les parrainages à la CENA, tu avais déjà exprimé tes appréhensions. Tu avais pris la décision de ne pas remettre le tien, ou de ne le remettre que lorsque tu aurais été d’accord sur le candidat choisi. C’est moi qui t’avais supplié de le remettre et de faire confiance aux instances de notre parti. Je te remercie de m’avoir écouté.

Avec la tournure que prennent les évènements aujourd’hui, et vu ton refus de me parler, je comprends que tu crains que je ne réussisse à nouveau à te convaincre de remettre le parrainage.

Parce que nous sommes députés au nom du parti, nous avons reçu les parrainages en son nom et notre engagement politique nous enjoint de les mettre à sa disposition. Toutefois, je te reconnais le droit d’exercer ta liberté et de parrainer qui tu veux.

Je rappelle que toi et moi sommes des amis d’enfance, nous avons grandi ensemble.

Même lorsque nos chemins ont divergé à un moment donné – moi dans l’Union fait la Nation et toi dans les FCBE – cela n’a pas altéré notre amitié et notre fraternité. Lorsque nous nous sommes retrouvés à nouveau au parti Les Démocrates, cela nous a davantage rapprochés.

Je sais quelles ont été tes frustrations pour toutes les contrariétés voire les humiliations inutiles nourries et entretenues par certains de nos camarades du parti à mon endroit. Je sais qu’à titre personnel, tu as souffert également des agissements de certains camarades de ta circonscription électorale et de la coordination nationale pour notre proximité.

Je voudrais simplement te rappeler que ce qui nous a unis au sein du parti Les Démocrates est au-delà de notre fraternité et de notre amitié. Il s’agit du destin de tou un peuple, car notre parti, que nous avons créé ensemble, s’est engagé à faire renaître notre démocratie, à reconquérir nos droits et nos libertés et à réconcilier le peuple béninois.

Mon frère Michel, je suis heureux et fier de savoir que tu aurais pris fait et cause pour moi. Tu aurais conditionné ton parrainage à ce que le choix du candidat soit fait sans manœuvre d’exclusion et porte sur une personnalité du parti que tu juges plus apte. Je suis tout aussi peiné que cette proposition ait déclenché des menaces de démission et de retrait de parrainage.

Je voudrais te dire que nous devons transcender ces divergences, penser à notre parti, penser à la République, penser aux filles et aux fils de ce pays. C’est pour cela que je viens très humblement me mettre à tes genoux pour te supplier de remettre le parrainage au parti. Je sais que c’est difficile pour toi, mais l’histoire nous interpelle et le Bénin tout entier nous regarde. Nous avons le devoir d’être à la hauteur des attentes du peuple. Car il ne devrait pas être dit que la non remise de ton parrainage a empêché qu’une compétition saine se passe dans l’intérêt du pays.

Appelle-moi mon frère et parlons-nous.

Dieu te protège et protège notre pays.

Ton collègue, frère et ami, Eric

Eric Louis Houndété »

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Modeste Dossou

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