Présidence de la BAD: le Bénin rallie la candidature de la Mauritanie et hausse les chances du pays

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Dans un geste fort de solidarité panafricaine, la République du Bénin a annoncé, le lundi 5 mai 2025, son soutien officiel à la candidature du Mauritanien Dr Sidi Ould Tah pour la présidence de la Banque africaine de développement (BAD). Cette décision, révélée à l’issue d’une audience de haut niveau à Nouakchott entre le président mauritanien Mohamed Cheikh El Ghazouani et une délégation béninoise, marque un tournant dans la course à la succession d’Akinwumi Adesina, dont le mandat s’achève en mai 2025.

La délégation béninoise, conduite par le ministre d’État chargé de la Coordination de l’Action gouvernementale et du Développement, Abdoulaye Bio Tchané, et le ministre d’État chargé de l’Économie et des Finances, Romuald Wadagni, a transmis un message personnel du président Patrice Talon à son homologue mauritanien. Lors de cette rencontre, les émissaires béninois ont salué les compétences et le parcours de Sidi Ould Tah, affirmant que « notre frère Sidi Ould Tah a le profil et les compétences requises pour faire de la BAD le véritable outil de développement dont le continent a besoin aujourd’hui ».

Ce ralliement intervient après le retrait de la candidature de Romuald Wadagni, qui avait envisagé de briguer le poste en juillet 2024. Le choix du Bénin de soutenir le candidat mauritanien renforce la position de Sidi Ould Tah, déjà appuyé par des poids lourds comme la Côte d’Ivoire, le Congo-Brazzaville, la Tunisie et la Tanzanienne Frannie Leautier, ancienne vice-présidente de la BAD et de la Banque mondiale. Ce soutien s’inscrit également dans le prolongement des relations bilatérales solides entre le Bénin et la Mauritanie, marquées par une volonté commune de promouvoir l’intégration régionale et le développement économique.

Une candidature portée par un bilan solide

Sidi Ould Tah, ancien président de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA), s’appuie sur un bilan impressionnant pour séduire les gouverneurs de la BAD. Sous son leadership à la BADEA (2015-2025), l’institution a vu son capital multiplié par cinq, passant de 4,2 à 20 milliards de dollars, et a obtenu une notation AAA de l’agence japonaise JCR. Il a également réduit les créances douteuses de 10 % à 0,5 %, tout en mobilisant des ressources significatives pour financer des projets d’infrastructures, d’énergie et d’agriculture à travers le continent.

Dans une déclaration, Sidi Ould Tah a exprimé sa gratitude envers le Bénin, soulignant l’importance de ce soutien : « Je suis particulièrement fier de l’appui de la République du Bénin, un pays dont le leadership et l’engagement en faveur de la coopération régionale sont largement reconnus. Ce soutien renforce ma conviction que notre continent est prêt à s’unir autour d’une vision commune pour une BAD plus forte, plus inclusive, capable de relever les défis actuels et de libérer pleinement le potentiel de l’Afrique. »

Une course compétitive à l’horizon

L’élection du prochain président de la BAD, prévue pour le 29 mai 2025 lors de l’Assemblée annuelle à Abidjan, s’annonce disputée. Sidi Ould Tah fait face à quatre autres candidats de poids : Amadou Hott (Sénégal), Samuel Munzele Maimbo (Zambie), Abbas Mahamat Tolli (Tchad) et Bajabulile Swazi Tshabalala (Afrique du Sud). Chacun bénéficie de soutiens régionaux, mais la candidature de Sidi Ould Tah gagne du terrain, notamment grâce à l’appui stratégique de la Côte d’Ivoire, dont l’influence au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) pourrait rallier d’autres pays de la sous-région.

Le ministre mauritanien de l’Économie et des Finances, Sid’Ahmed Ould Bouh, joue un rôle clé dans cette campagne, multipliant les déplacements diplomatiques pour consolider les alliances. La Mauritanie, sous la présidence de Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, mise sur cette élection pour renforcer sa stature sur l’échiquier panafricain, après une présidence remarquée à la tête de l’Union africaine.

Une vision pour la BAD

Sidi Ould Tah ambitionne de transformer la BAD en un catalyseur encore plus puissant du développement africain. Parmi ses priorités figurent la mobilisation massive de ressources pour combler le déficit de financement, la réforme du système financier africain, le renforcement de l’intégration régionale via des infrastructures modernes, et le soutien aux petites et moyennes entreprises (PME) pour stimuler l’emploi et l’innovation. « La BAD peut faire mieux et doit faire plus », a-t-il déclaré dans une interview à Jeune Afrique, insistant sur la nécessité d’une institution plus inclusive et réactive face aux défis de la dette, du climat et de l’emploi.

Le soutien du Bénin à Sidi Ould Tah illustre la dynamique d’unité et de coopération qui anime la course à la présidence de la BAD. À quelques semaines du scrutin, les tractations s’intensifient, et les alliances de dernière minute pourraient redessiner les rapports de force. Pour l’heure, la candidature mauritanienne s’impose comme une option crédible pour porter les ambitions d’une Afrique en quête de solutions innovantes et solidaires.

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Modeste Dossou

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