Nouvelle configuration du paysage politique français. Macron : difficile quête de majorité pour gouverner

Après le sauvetage in extrémis des valeurs humaines et politiques françaises par le second tour des dernières élections législatives, qui ont sauvé les meubles et renforcer la coalition de gauche où se retrouvent des forces politiques opposés à la gestion politique de l’Elysée, Macron sort enfin du silence. C’est à travers une lettre aux Français publiée, hier mercredi dans l’après-midi, dans la presse régionale, que le président français s’est adressé à une France soulagée, mais qui s’interroge encore sur la nouvelle donne et l’avenir politique du pays. Déjà quelle majorité républicaine au parlement entre la coalition de gauche et la droite (toutes tendances confondues) ? L’horizon est encore flou et Macron a-t-il encore le gouvernail de la situation ? Composer et avec qui ?
Dans sa lettre aux Français des idées fortes apparaissent. Pour parer à l’urgence, Macron lance un appel aux « forces politiques » qu’il qualifie de « républicaines » à « bâtir une majorité solide, nécessairement plurielle » à l’Assemblée nationale. La tâche ne sera une sinécure, il le sait. C’est pourquoi, il demande « … de laisser un peu de temps aux forces politiques pour bâtir ces compromis avec sérénité et respect de chacun ». Et pour calmer les ardeurs et juguler les ambiguïtés de ceux de la coalition de gauche qui voyaient déjà Matignon revenir, légitimement, à un homme de leur camp, Macron veut aussi se donner du temps pour aviser. Il prévient qu’en attendant les réglages au niveau majoritaire à l’assemblée nationale, son premier ministre actuel Gabriel Attal restera premier ministre pour gérer « les affaires courantes »
Souhait d’une majorité « nécessairement plurielle »
Donc le président français qui a laissé depuis dimanche les débats se mener sur la prochaine configuration de l’assemblée nationale et du paysage politique français, reconnaît dans sa lettre aux Français qu’il faut donner du temps aux acteurs et différences forces politiques qui lui semblent porter les valeurs « républicaines » de « bâtir une majorité solide, nécessairement plurielle » à l’Assemblée nationale. Ce terme « républicain » qu’il faudra bien calibrer pour savoir les forces politiques susceptibles de revendiquer un tel profil ou de telles qualités.
Le large rassemblement des « forces républicaines » que le président français suggère pour la gouvernance de la France, il le tient du fait que les Français ont exprimé « une demande claire de changement et de partage du pouvoir ». Donc « Ce rassemblement devra se construire autour de quelques grands principes pour le pays, de valeurs républicaines claires et partagées, d’un projet pragmatique et lisible et prendre en compte les préoccupations que vous avez exprimées au moment des élections ». Ce sont-là les conditions que le président français estime nécessaires pour construire un tel rassemblement autour « des valeurs républicaines claires et partagées ».
Autant dire que c’est autour de ces valeurs que les Français dans leur majorité ont inversé la tendance du premier tour favorable à l’arrivée au pouvoir du le Rassemblement national. A priori ces bases évoquées par Macron excluent d’office le camp de Marine Lepen de ce grand rassemblement appelé par le président français. Pourtant, il n’est pas sûr, rapporte, certains médias et analystes politiques qu’il réussisse à avoir une grande adhésion dans son propre camp où des voix discordantes de députés se sont exprimées en défaveur d’une possible coalition pour gouverner comprenant des personnalités de la France insoumise et autres écologistes. Au sein de la droite elle-même (RN et droite classique affaiblie) personne n’a encore une idée claire de ce rassemblement qui traduirait l’expression de la volonté des votants français. Même si Macron lui conseille que « Ce que les Français ont choisi par les urnes, le front républicain, les forces politiques doivent le concrétiser par leurs actes ».
Rappelons que le camp d’Emanuel Macron sort du scrutin de dimanche en parvenant à la seconde place du scrutin, après la coalition de gauche qui a bénéficié grandement du sursaut des Français, face à la menace de voir le camp de Marine Le Pen (Extrême droite) monter à l’échelle du pouvoir en France après les élections européennes. Le rassemblement national ayant profité d’un scrutin européen qui apparaissait comme une sanction de la politique interne marconiste. Le coup de dissolution de l’assemblée par le président français et l’organisation des législatives anticipées fut une parade qui lui a, d’une certaine façon, réussi puisqu’il lui a permis de faire sortir la tête de l’eau, aux forces qu’il juge républicaines, en sauvant par la même occasion son camp aussi. C’est impossible pour lui de ne pas tirer une profonde leçon de sa responsabilité politique dans le désastre qui s’est profilé aux européennes. Macron justifie le type de majorité qu’il souhaiterait à la nouvelle assemblée par le fait que « personne ne l’a emporté », suite au vote du dimanche dernier. « Aucune force politique n’obtient seule une majorité suffisante et les blocs ou coalitions qui ressortent de ces élections sont tous minoritaires ». Une problématique que Macron regarde sans excès de pessimisme, ni d’optimisme. Que va-t-il donc faire les jours à venir pour gouverner avec les forces en présence ? Beaucoup l’attendent là. AQ/Chris Yao.