Mission de bons offices des ex-présidents du Bénin : Les contours de l’initiative Soglo-Yayi

Annoncé, il y a quelques jours, la mission de bons offices effectuée, lundi et mardi dernier, au Niger par les anciens présidents de la République Boni Yayi et Nicéphore Soglo n’a pas, selon des sources crédibles, comblé les attentes. La junte au pouvoir à Niamey, depuis juillet dernier, n’aurait rien concédé malgré la pugnacité et l’insistance de leurs hôtes de marque, venus de Cotonou. Mais l’espoir vient de ce qu’ils ont été au moins accueillis et reçus avec beaucoup d’attention.
Ils ont surtout le mérite de n’être pas restés indifférents à la tension entre les autorités au plus haut niveau du Bénin et du Niger qui ne se parlent pratiquement plus, depuis bientôt un an, mais qui dirigent deux peuples frères qui cohabitent et vivent depuis toujours en symbiose. En effet, Nicéphore Soglo et Boni Yayi, pour avoir déjà présidé aux destinées du Bénin, savent certainement mieux quiconque les risques auxquels cette malheureuse situation expose les économies des deux pays et leurs citoyens parce que leurs diasporas vivent de part et d’autre des frontières des deux pays qui dont les frontières sont fermées.
L’intégration de leur diaspora respective est si forte que n’importe quelle « déflagration » ou « étincelle » pourrait avoir des conséquences imprévisibles sur les deux peuples.
Contrairement à certaines projections pessimistes, ils ont été reçus par le général Tiani, nouvel homme fort du pays, comme on a pu le constater, à travers certaines images, avec les honneurs dus à leur rang d’anciens présidents de la République d’un Etat voisin, qui se sont déplacés à deux pour échanger avec son président afin de trouver un porte de sortie à cette crise. Ils étaient, à cette occasion, entourés, des plus « proches lieutenants » du général au pouvoir.
Aucune déclaration, aucun communiqué n’a été publié suite à cette rencontre. Les hôtes de Tiani ont pris la précaution de ne rien diffuser sur ce qui a été dit au cours de cette entrevue dont le contenu est tenu au secret. Nicéphore Soglo et Boni Yayi ont, jusque-là, observé un mutisme total sur l’issue de cette rencontre. Et cela pourrait bien se comprendre puisque toute mission de médiation ou de bons offices n’a de chances d’être efficace ou productive que si elle fait preuve de circonspection et surtout de retenue. Il semble que ce soit le cas.
Mais certaines sources, dans la capitale nigérienne et au Bénin, ont indiqué que les autorités nigériennes ont campé sur leurs positions et ont réitéré de manière ferme leur requête avant tout dénouement de la crise, notamment la réouverture des frontières terrestres nigériennes. Elles auraient formé plusieurs griefs et n’auraient pas fait preuve d’ouverture pouvant laisser entrevoir une sortie de crise à court terme. On aurait relevé, semble-t-il, des « problèmes de personnes ou d’humeur », entre les autorités au plus haut niveau des deux pays. Les griefs formés par les nouvelles autorités nigériennes à cette rencontre seraient tel qu’il faut prendre beaucoup de précaution et de temps pour résoudre cette crise.
Puisqu’il ne s’agit que d’une mission de bons offices, les présidents Nicéphore Soglo et Boni Yayi ont remercié le général Tiani pour l’hospitalité et l’accueil dont ils ont été l’objet espérant pouvoir revenir dans la capitale nigérienne pour la suite de leur initiative.
Ainsi, un pas non négligeable est fait puisque les autorités nigériennes, qu’on croyait totalement fermées à tout dialogue relativement à cette crise ont reçu les anciens chefs d’Etat du Bénin et ont échangé avec eux à ce sujet. C’est probablement des signes annonciateurs d’un possible dégel, si ces bons offices se poursuivaient et se déroulaient dans les meilleures conditions possibles et s’ils reçoivent finalement l’aval du chef de l’Etat.
A Cotonou en effet, on informe, de bonnes sources, que le chef de l’Etat du Bénin, Patrice Talon n’est associé ni de près ni de loin à cette initiative. Il s’agit, indique-t-on, d’une initiative personnelle des deux anciens présidents qui ont utilisé leurs ressources et leurs réseaux pour entreprendre cette mission. Les autorités béninoises ne se sentent donc pas liées par ce qui s’est dit à cette rencontre et ce qui se dira peut-être à la suite de cette mission de bons offices.