Emergence des femmes béninoises: Il était une fois l’Amazone du volant ! Histoire fabuleuse de Laure Ablanvi Aguessy

 Emergence des femmes béninoises: Il était une fois l’Amazone du volant ! Histoire fabuleuse de Laure Ablanvi Aguessy
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Laure Odilia Ablanvi AGUESSY épouse Boco. C’est son nom. Originaire de Lokossa, chef-lieu du département du Mono. Elle a choisi, dès son jeune âge, d’embrasser la carrière de transporteur. Placée par ses parents biologiques chez des tuteurs quelque peu nantis en ville, elle affiche très tôt une passion confirmée pour la conduite automobile. Mise en apprentissage, elle voit ses ambitions s’assouvir en un temps record par l’obtention des permis de conduire catégories B et C. Engagée dans la vie active, elle va s’essayer un premier temps dans le pilotage de poids lourds (gros porteurs). Mais chemin faisant. Elle juge les contraintes et autres servitudes du Routier incompatibles avec la vie de ménage, la vie d’une mère au foyer.

C’est ainsi qu’elle s’oriente plutôt en dernier ressort vers les activités autonomes de taxi-ville et de taxi inter Etats. La dame que nous pleurons aujourd’hui est très connue à Cotonou sous l’affectueux surnom de’’ Maman taximan’’. Elle a été la première conductrice de taxi-ville à Cotonou. Infatigable, elle sillonnera, des années durant, la mégapole béninoise dans tous ses êtres, avant de s’engager les années 70 et 80 dans les longues distances côtières : Lagos- Cotonou-Lomé-Accra. Les agents des douanes et la police des frontières lui vouaient une considération spéciale dans ses pérégrinations.

La presse béninoise l’avait, elle, baptisée à juste titre ‘’L’Amazone du volant’’

Son péché mignon, c’est la vitesse, la grande vitesse. Et quand on le lui reproche, elle répond par un large sourire comme pour nous rassurer : «qui maitrise son volant et maitrise son métier-maitrise la route. Rien à craindre »

Ses collègues des parcs-autos lui ont toujours fait confiance, la traitant avec grande déférence et lui attribuant un poste de choix au Bureau de l’UNACOB (Union Nationale des Conducteurs du Bénin). Poste où elle fera ses preuves des années durant. Le temps passe. Usée par l’âge et physiquement diminuée, la doyenne s’est souverainement résolue à prendre sa retraite. Elle aborde ainsi la dernière ligne droite.

Et c’est à Cocotomey, qu’elle a choisi de prendre ses quartiers, prodiguant quotidiennement, et dans la piété, de sages conseils aux uns et aux autres partageant sa riche expérience avec la génération montante, toutes composantes confondues.

Il en sera ainsi jusqu’à son dernier soupir à 82 ans d’âge. Laure Odilia Ablanvi s’en est allée, jeudi 06 Mars 2025, laissant derrière elle de grands enfants ; cinq grands enfants qu’elle aura su élever et bien élever dans la rigueur, la piété et la discipline, en compagnie de son cher époux Jean-Pierre Boco, vétérinaire de son Etat.

Femme brave et battante, « Maman taximan » aura su s’imposer avec courage et résilience dans un univers mouvementé, majoritairement peuplé d’hommes. Elle a su apporter remarquablement une contribution conséquente et militante à la lutte historique de notre peuple pour la libération totale de la femme béninoise.

Ce qui lui a d’ailleurs valu la distinction honorifique dont elle a bénéficié aux côtés d’autres braves femmes artisans du Bénin, rassemblées le 3 août 2022 à la Mairie de Calavi

Ceux qui héroïquement ont combattu pour la patrie, ont droit qu’à leur cercueil la foule vienne et prie.

Qui donc pourrait dire ce jour, à haute voix et aux yeux de tous, que Laure ne mérite pas véritablement le vibrant hommage qui lui est rendu aujourd’hui ?

Elle a mérité, bien mérité qu’on le lui rende. Et qu’on honore unanimement sa mémoire, sa glorieuse mémoire.

Véritable modèle pour la femme béninoise, son combat n’aura pas été vain.

Dors en paix-Sacrée guerrière

Par Hospice NOUDEHOU

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Moudachirou Souberou

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