Crise persistante entre le Bénin et le Niger: Plaidoyer pour une médiation internationale

Dans une certaine indifférence et un silence explicable de la communauté internationale, le Bénin et le Niger, deux pays membres de plusieurs organisations régionales sont à couteaux tirés, depuis plusieurs mois, avec des épisodes parfois inquiétants. Deux Etats voisins, liés par la géographie et l’histoire, avec des peuples frères, mais avec des dirigeants au plus au niveau qui ne se parlent plus. Et rien ne se fait par la communauté internationale pour éviter que la situation ne s’envenime pour dégénérer en un conflit armé.
On pourrait simplement se rappeler que tout est parti du coup d’Etat intervenu, en juillet dernier, au Niger avec le reversement du régime démocratiquement élu du président Bazoum. Et conformément aux conventions qui lient les Etats membres de la communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest( Cédeao) et de l’Union économique monétaire e l’Afrique e l’ouest( Uémoa), la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Cédeao a pris des sanctions contre les putschistes, le sanctions que le Bénin a appliquées en respect des règles de l’institution communautaire. Et la fermeture des frontières avec le Niger fait parties des sanctions imposées par l’organisation pour faire pression, en vue du rétablissement de l’ordreconstitutionnel dans ce pays.
Mais quelques mois plus tard, la Cedeao a levé les sanctions et le Bénin a procédé à l’ouverture de ses frontières avec le Niger toujours en respect des directives de l’institution communautaire. Mais les nouvelles autorités de ce pays ont fermé leurs frontières terrestres avec le Bénin , sous prétexte que le Bénin serait devenu une source d’insécurité pour le Niger. Il existerait de bases militaires françaises sur le territoire du Bénin, proclament les dirigeants nigériens. Le Pays formerait des terroristes pour déstabiliser le Niger. En somme, des accusations très graves, mais jamais étayés de preuves. Le Bénin a toujours rejeté ses accusations. Il semble, indique-t-on, que les militaires au pouvoir au Niger veuillent que le Bénin, pays souverain de ses choix diplomatiques, leur emboîte le pas en renvoyant de chez lui les« occidentaux ». Depuis son arrivée au pouvoir, la junte a rompu toute relation diplomatique du Niger avec la France.
Cette crise affecte dangereusement les relations économiques et commerciales entre les deux pays. Même le très précieux projet Pipeline Bénin -Niger, qui s’étend sur plus 2000 km, avec plusieurs milliards de dollars d’investissement en est gravement affecté ; au point où le pétrole brut qui a commencé par couler depuis Agadem au Niger jusqu’à Sèmè-Podji au Bénin a été récemment coupé par les autorités nigériennes .
En somme, le Bénin et le Niger, son voisin vivent, depuis quelques mois des moments difficiles, et jour après jour, cette tension prend des proportions inquiétantes sans qu’il y ait ici ou ailleurs sur le continent d’initiatives louables pour prévenir «toute escalade ».
Sans minimiser l’initiative annoncée, il y a quelques jours , de médiation des anciens chefs d’Etat du Bénin, Nicéphore Soglo et Boni Yayi, on pourrait toutefois pronostiquer, qu’elle ne pourrait avoir qu’une portée très limitée compte tenu du fait que ces deux médiateurs viennent tous du Bénin, pays en conflit avec le Niger, et que leur neutralité peut de ce fait ne pas être garantie aux yeux de l’autre partie. Sans non plus sous-estimer leur réseaux et cercles d’influence, Nicéphore Soglo et Boni Yayi ne paraissent pas constituer la solution indiquée à cette crise.
Dans le contexte actuel, Il en faut certainement beaucoup plus pour fléchir surtout la position des militaires au pouvoir au Niger, dont on ne maîtrise pas encore les réelles et profondes motivations. Il y a beaucoup de non-dits dans cette crise.
C’est pourquoi, il faut que la communauté internationale prenne la mesure de cette crise pour mettre en place une médiation efficace et appropriée afin de proposer aux autorités nigériennes et béninoises, au plus haut niveau, des solutions idoines pour une sortie de crise définitive. La chine, qui a une position stratégique, dans le projet pipeline Bénin Niger, a les moyens indiqués pour proposer la mise en place de cette médiation internationale et pour la mener à bon port.