Bénin: décès du professeur Paulin Hountondji, un dinosaure de la philosophie africaine s’est éteint

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Le professeur béninois Paulin Hountondji est mort. Selon les informations, le philosophe et ancien ministre du Bénin a tiré sa révérence ce vendredi 2 février 2024. L’information a été confirmée par le président de l’ association des journalistes de l’Eglise Protestante Méthodiste du Benin (EPMB).

Docteur en philosophie de l’université Paris-Nanterre, il a enseigné aux universités de Besançon, Kinshasa, Lubumbashi. Il enseigne depuis 1972 à l’université d’Abomey-Calavi au Bénin (ex-Université nationale du Bénin). Il est membre fondateur du Conseil inter-africain de philosophie (CIAP) dont la revue scientifique Conséquences n’a eu qu’un seul numéro.

À la suite du changement de régime consécutif à la Conférence des forces vives de la nation de février 1990 au Bénin, il a successivement occupé les fonctions de ministre de l’Éducation nationale dans le gouvernement de transition (1990-1991), puis ministre de la Culture et de la Communication (1991-1993).

Ensuite chargé de mission du président de la République, il démissionne en octobre 1994 pour reprendre ses enseignements. En 2009, il est directeur du Centre africain de hautes études dont le siège est à Porto-Novo au Bénin.

L’homme a aussi été très actif sur le plan religieux alors qu’il représentait une personnalité de haut rang au sein de l’Eglise protestante Méthodiste du Bénin. pendant la crise qui a secoué cette congrégation religieuse, le professeur Hountondji a été l’un des pionniers de la partie Synodale qui était farouchement contre l’organisation d’une conférence. les deux parties ont finalement trouvé un terrain d’entente sous le régime de Patrice Talon.

Littérature

Après avoir élaboré une thèse sur Husserl, il a fait des travaux remarquables sur la philosophie et la pensée en Afrique, travaux dans lesquels il récuse fermement l’attitude qui consiste à appeler « philosophie » la vision du monde d’un peuple donné.

Il propose l’usage discriminatif suivant : « – Philosophie proprement dite (sans guillemets) : ensemble de textes et de discours explicites, littérature d’intention philosophique. – « Philosophie » au sens impropre, souligné ici par les guillemets : vision du monde collective et hypothétique d’un peuple donné. – Ethnophilosophie : recherche qui repose, en tout ou partie, sur l’hypothèse d’une telle vision du monde, essai de reconstruction d’une « philosophie » collective supposée. »

En bref, dans ses recherches, il critique un mythe popularisé par les chercheurs qu’il a appelé ethnophilosophes et qui affirment qu’il existe une philosophie africaine autochtone collective, séparée et distincte de la tradition philosophique occidentale. Il soutient qu’une véritable philosophie africaine doit assimiler et dépasser l’héritage théorique de la philosophie occidentale.

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Modeste Dossou

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