1ère Edition des Vodun Days au Bénin : Patrice Talon exprime sa vision de la culture vaudou révélée et positive

1ère Edition des Vodun Days au Bénin : Patrice Talon exprime sa vision de la culture vaudou révélée et positive
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Pour la première fois, le Bénin a organisé les 09 et 10 janvier 2024 l’édition inaugurale des Vodun Days. A travers cette célébration qui a connu la participation des festivaliers venus du monde entier, il a été plus question de révéler la vraie face de la culture vodun dans tout ce qu’il comporte de positif, de prospère, de culturel et surtout d’attrait touristique. Il s’agit dorénavant de faire de cet évènement un rendez-vous voire un tremplin de quête économique au profit du pays.

Mouf Junior

 

Le président Patrice Talon veut mieux révéler le vodoun au monde pour son rayonnement et se retombées pour le Bénin

Tout au long de la célébration de cette première édition des Vodun Days on a pu observer une forte implication du chef de l’Etat le président Patrice Talon. Ce n’est certainement pas innocent, l’enjeu en vaut bien la chandelle. Et c’est à dessein qu’il déclare : « …Mais autant le Bénin consacre des ressources à développer le secteur agricole, à développer le secteur industriel… nous avons dit que le Vodun a pour nous un intérêt aussi économique, puisque le tourisme est un secteur d’activité important. Aujourd’hui, le monde va davantage vers tout ce qui est consommation de tourisme. Et c’est un pan à saisir. C’est d’intérêt majeur pour nous. Donc, si nous investissons dans le Vodun, ce n’est pas simplement parce qu’on veut révéler notre identité à nous-mêmes et aux autres, mais surtout aussi parce que nous voulons en faire un secteur de développement économique. Et alors là, tous les investissements les plus rationnels et rentables peuvent être effectués dès lors que nous faisons la projection de ce que cela peut créer en termes d’emplois, en termes de richesse, en termes de visite du Bénin, en termes de collecte d’impôts, de ressources pour l’État… ». Dorénavant, il est sans équivoque aucune que le Bénin dans sa quête de se révéler au monde entend privilégier « la destination Bénin. »

Le président Patrice Talon lors de l’entretien avec la presse internationale dans le cadre des Vodoun days

Déconstruire la négation autour du Vodun…

Au cours d’une séance d’échanges avec les journalistes après les vodun days, le président Patrice Talon est revenu sur l’aspect négatif qui a toujours entouré le concept de vodun. A l’occasion, il a laissé entendre : « …Malheureusement, l’expansion des religions du livre, notamment du christianisme et de l’islam, a tellement dépeint la religion Vodun en noir que les Africains ont abandonné ce qui relève de leur propre identité, de leur histoire, de leur patrimoine, au profit des religions importées, ce qui n’est pas un drame parce que le monde est dynamique. La communauté humaine bouge beaucoup. Elle change de pratiques, de culture et adopte d’autres modes de pensées et d’existence. Mais, au plan communautaire, ce qui relève de l’identité doit pouvoir être préservé d’une certaine manière. Et ça, c’est utile pour que les communautés, dans le concert des nations et dans la compétition mondiale, puissent s’exprimer avec tout leur plein potentiel. Malheureusement, comme je le disais tantôt, le Vodun a été victime, un peu, de l’assimilation des Africains par une autre civilisation. Et les religions portent les civilisations. Les religions, en général, sont le vecteur d’une culture, ou alors la résistance d’une culture. Donc, l’Afrique a un peu perdu, notamment en ce qui nous concerne, son âme en cette matière. Au plan spirituel, nous pensons que tout ce qui est de la religion aujourd’hui, nouvelle ou moderne, relève de la foi en un Dieu créateur, puis après, en divers véhicules qui permettent de s’adresser à ce Dieu créateur. Pour les chrétiens, c’est Jésus, le fils de Dieu, pour les musulmans, c’est le prophète Mahomet. Et pour les fidèles du Vodun, ce sont les divinités, les Vodun, qui sont l’intermédiaire entre le Dieu créateur et les hommes. Nous partageons pratiquement la même valeur spirituelle, la même valeur de la compréhension du monde, et de l’interaction, de la relation entre les hommes, la nature et le créateur. Et d’ailleurs, en cette matière, je peux vous dire rapidement que la religion Vodun me paraît celle qui intègre vraiment la symbiose entre le créateur Dieu, les hommes et la nature globalement. Puisqu’elle prône une relation intime, respectueuse et voire un peu dévolutive entre Dieu créateur et les hommes. La terre, l’eau, l’air, l’énergie, le soleil sont pour les fidèles du Vodun les éléments essentiels de la créature de Dieu, créateur, qui offre aux hommes l’existence et requiert leur respect pour l’harmonie sur terre. Et donc, par déduction, la nature, en ces quatre éléments, constitue les éléments d’échanges quotidiens de l’homme avec le créateur. C’est tout, le Vodun, c’est cela. Nous l’avons abandonné au profit d’autres philosophies spirituelles et religieuses. Ce n’est pas un problème. Mais nous avons également un petit peu renoncé ou on a commencé à avoir même un peu honte de cette belle philosophie qu’est la philosophie africaine de la relation entre Dieu et les hommes. Et le Vodun se pratique parfois secrètement ou alors on en a honte. Et beaucoup de nos compatriotes chrétiens ou musulmans ont un peu cette double pratique religieuse. En plein jour, ce qui relève de la religion importée, et plus discrètement, ce qui relève de notre identité réelle. Nous avons dit que pour le rayonnement du Bénin, pour le développement, pour tout, ce serait bien de reprendre corps dans notre propre identité. Et de révéler d’abord à nous-mêmes les valeurs du Vodun sans compromettre la foi des uns et des autres. D’ailleurs, le Vodun ne convertit pas. Ce n’est pas une religion expansionniste qui convertit. On adhère au Vodun quand on fait la démarche soi-même. Donc pour nous, quelles que soient les croyances actuelles des uns et des autres, il était utile de révéler, à nous-mêmes d’abord, les valeurs que porte le Vodun, l’harmonie que le Vodun requiert et instaure entre les hommes, la nature et le Dieu créateur, et cela de sorte à ce que nous puissions dans ce concert des nations, rétablir notre contribution à l’humanité. Qui est donc une autre façon de vivre une spiritualité de vivre la relation entre les hommes, la nature et Dieu. Nous avons donc estimé que ce serait très bien que l’Afrique renouvelle un peu au monde ces valeurs-là, tout en vivant, pour ceux qui sont fidèles du Vodun, leur spiritualité pleinement, sans honte, sans gêne. Et par l’occasion, nous voulons aussi parvenir à déconstruire tout ce qui a été à tort dépeint négativement, tout ce qui a été dit sur la religion Vodun, en disant que cette religion est l’émanation du mal et consort. Bon, c’est normal, l’expansion des religions passe par cela aussi, dénigrer, montrer que l’autre religion est mauvaise. Voilà un peu ce qui a guidé, moi un peu, à titre personnel, ma réflexion, puis après celle du gouvernement béninois. Et au niveau de tout le Bénin, ce qui a guidé notre volonté de réhabiliter les réelles valeurs du Vodun […]. Et tout ce qui est culturel, artistique, qui relève de soi, qui relève de l’identité qu’on partage avec le monde, aujourd’hui nourrit le tourisme, qui est un secteur économique important. Donc vous voyez, la relation est vite faite entre rétablir notre identité, la retrouver, la partager avec le monde, et aussi développer de l’économie à partir de cela. Voilà ainsi exposée et clarifiée, ce que Patrice Talon voudrait que le Vaudou redevienne, débarrassé des pesanteurs du passé et de son isolement par les autres religions révélées importées et notre propre dénégation de cette partie profondément intégrée de notre âme.

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Moudachirou Souberou

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